Même si du temps avait passé entre le moment où elle avait rencontré son demi-frère d'une autre dimension et celui où il avait réussi à retrouver Erik, Lorna ne savait toujours pas ce qu'elle cherchait réellement. Des réponses, oui. Ou plutôt une confirmation, ayant toujours eu des doutes, de par ses pouvoirs très semblables mais aussi la distance de sa mère à ce sujet, lorsqu'elle la questionnait sur son véritable père avant le crash d'avion, avant la découverte de ses pouvoirs. Mais après ? À quoi s'attendait-elle ? Elle n'était pas du genre familial, même si savoir qu'elle avait un frère était plutôt plaisant, elle qui s'était toujours contentée d'être livrée à elle-même, faisant preuve de débrouillardise très tôt.

La mutante en était encore à se poser ce genre de question alors qu'elle se dirigeait vers l'appartement de son paternel supposé. Et puis, cette histoire de multivers était complètement sans dessus dessous. Elle devait prendre en compte que, comme le lui avait expliqué Peter, ce Erik ne venait pas de sa réalité. Et encore moins de la même temporalité. Lorsqu'elle avait vu Magneto pour la première fois, lorsqu'elle était gamine, peu après avoir découvert ses pouvoirs et la mort de sa mère, c'était un vieil homme, à la tête de la Confrérie. Lors de la guerre qui avait suivi le vaccin anti-mutant, Magneto avait perdu ses pouvoirs, ce qui avait sonné la fin de la Confrérie. Et aux dires de Peter, l'homme qu'elle était sur le point de rencontrer était différent.

Chassant une mèche verte de devant son visage, elle s'engagea dans l'escalier. De brune, elle était repassée à sa couleur naturelle, ou plutôt celle que lui avait conféré sa mutation. Elle n'en avait jamais eu honte. Mais il n'était pas rare qu'elle se teigne les cheveux en noir, pour que les gens arrêtent de la dévisager, de la questionner ou de la juger. Elle en avait eu sa claque ces dix dernières années. Elle repensa à Peter. Il lui avait fait promettre de ne pas dire à leur père qu'il était son fils, chose qu'elle avait accepté. Ce n'était de toute façon pas à elle de faire ce genre de révélation.

Cela lui prit quelques secondes avant de se rendre compte qu'elle se tenait devant la porte close de l'appartement que lui avait désigné son demi-frère. Elle était nerveuse. Oui, elle, la froide Polaris. Une carapace qu'elle s'était forgée au fil du temps. Même son passage à l'Institut Xavier n'avait su la briser. Elle préférait paraître distante et froide plutôt que de laisser d'autres personnes s'approcher. Personnes qui l'avaient bien souvent déçue, voire avaient participé à la persécution, à la propagande de haine.

Sans même le voir, elle sut qu'il était chez lui, plutôt sensible à l'énergie électromagnétique et à ses changements lorsqu'ils utilisaient leurs pouvoirs magnétiques. Ou bien était-ce seulement l'instinct ? Ne sachant pas s'il pouvait lui aussi la percevoir, elle toqua à la porte in extremis. Il serait idiot et ridicule de rester plantée là encore plus longtemps.