Harry avait un mal de crâne carabiné. Pas le mal qui signale que Voldemort est encore en train de faire sa diva car il est vexé, juste celui qui suit une soirée à s'être murgé comme un idiot. Manque de bol, il n'avait plus de doliprane chez lui et c'est donc avec dépit qu'il avait quitté son lit pour se rendre au pharmacien du coin. D'ailleurs, il en revenait avec son sachet quand il bousculait quelqu'un par inadvertance.

"Pardon, je regardais pas. C'est ma faute." admettait-il, avant de se figer car il reconnaissait cette voix. Relevant la tête, il retenait un juron en reconnaissant le professeur Rogue. Bordel.

Par contre, il se serait passé de se retrouver plaqué contre un mur. Deux fois que quelqu'un réagissait comme ça... le premier ça avait été la version adolescent crétin de son père. Une nouvelle mode?

"Franchement professeur, je sais que vous me détestez cordialement, mais ce n'est pas une raison pour réagir de la sorte." tentait-il de plaisanter. "Je suis votre Gryffondor préféré pour retirer des points. Harry Potter. Donc... vous êtes aussi coincé ici? Excusez ma question mais... vous n'étiez pas mort la dernière fois que nous nous sommes vus?"

Merde, s'il avait pensé voir le jour où son ancien professeur allait agir comme ça envers lui, il se serait sans doute dit qu'il avait plus picolé qu'il ne le pensait. Peut-être que c'était ça en fait? Trop fait la fête et il se mettait à croire que Rogue pouvait être sympa avec lui autrement qu'aux portes de la mort? Non. Il en doutait sérieusement. Puis il avait raison, ce n'était plus son professeur.

"Les médicaments moldus ont du bon parfois, surtout quand on est une calamité en potion. Je crois que vous vous souvenez bien de mes prodiges pendant vos cours."

Il était réellement nul à l'époque, et s'il avait été assez bon pour devenir Auror, il n'était pas non plus excellent. En reconnaissant la potion, Harry se retient de refaire la blague du jus à bulle, comme quand il était en quatrième année et que le maître des potions l'avait accusé de voler des ingrédients pour faire du polynectar. Ce serait sans doute pousser sa chance un peu trop loin. 


"Pas de soucis. J'ai aussi eu l'immense honneur de croiser mon paternel." avouait Harry, clairement ironique quand il parlait d'honneur alors qu'il prenait la potion et la vidait sans hésiter. Quasi aussitôt, il sentait les effets se faire et soupirait de soulagement, même s'il se demandait pourquoi on avait besoin de lui au top de sa forme. Il tendait plus à de la quiétude depuis qu'il était ici, vivant sur sa fortune personnelle pour ne rien faire et laisser le monde se débrouiller. "Alors? En quoi puis-je vous être utile? En général, quand on a besoin de moi, ce n'est jamais bon signe..."

Il le savait bien. Et encore, Rogue ne savait pas les méthodes dont il avait fait usage pour vaincre Voldemort, autrement il sentait qu'il se ferait botter le derrière. Peu de gens savaient en fait qu'il avait opté pour la magie noire aussi, et on savait que cela lui avait coûté son couple, entre autre.

Ok. Hold on. Rogue venait de dire qu'il n'était pas son pire élève en potion. Bon ok; Neville était une calamité mais jamais il ne s'était attendu à un tel revirement. Rogue était assez avare en compliment et Harry esquissait un petit sourire.

"J'en étais venu à la même conclusion concernant ce James, en effet. Et je dois avouer en être ravi... il a l'air encore plus crétin que celui que vous avez eut le malheur de cotoyer lors de votre scolarité." ce qui était un miracle. Harry n'était pas aveugle au point de refuser de voir que son père avait été un élément terrible lors de sa jeunesse, et s'il avait grandi et changé, il regrettait qu'il n'ai jamais eu l'occasion de s'excuser, ce qui lui semblait normal.

Puis soudain, ils se retrouvaient dans une demeure qu'il supposait être celle de Rogue et s'installait dans un fauteuil avec l'accord de l'autre homme. Du thé... il en avait bien besoin et soufflait un merci à l'intention de son ancien professeur, l'écoutant avec attention avant de pâlir. Là, ils avaient un problème.

"Si elle ne repart pas à temps, je pourrais ne jamais naître, donc tout ce qu'il s'est passé serait annulé... et le règne de terreur de Voldemort continuerait." Ce n'était pas difficile à comprendre, même quand on n'était pas à Serdaigle. "Je peux jeter un sort de protection autours de sa maison, et être son Gardien du Secret au besoin. Je résiste très bien aux tortures maintenant, les gens qui pourraient tenter de lui faire mal n'obtiendront rien de moi."

Par contre la magie noire... c'était peut-être lui aussi... mais il préférait ne rien dire. Rogue n'était plus son prof, mais il restait quand même celui que l'on ne voulait pas énerver.

Il allait vraiment finir par se poser des questions sur sa santé mentale à force d'entendre Rogue dire des trucs positifs, même sur son père. Peut-être bien que sa propre santé mentale se faisait la malle? Non. Il n'avait pas assez d'imagination, même en étant taré.

"J'ai eu l'occasion de voir les dégâts sur ce jeune James oui. Il m'a pris pour une hallucination, pour un mangemort, et il a aussi pensé qu'il était mort." il avait été terrifié de voir ce que la vie pouvait être dans une autre dimension, et à imaginer ce que cela pourrait donner pour l'avenir d'un autre monde. "Je sais que la frontière entre bien et mal peut devenir très trouble oui. Parfois, nous franchissons la ligne rouge sans réellement le voir, et il est trop tard ensuite."

Peut-être qu'il venait déjà de trop en dire. Il ne saurait le dire. Hochant la tête concernant Lily, il ne pouvait en effet la laisser rencontrer ce James... il était trop différent de celui qu'elle connaissait, ce serait une erreur que de lui donner de l'espoir... et il ne voulait pas que son géniteur soit finalement un ado de quinze ans passablement perturbé, il préférait la version normale de son père, qui avait été heureux malgré sa mort jeune.

"Votre potion fonctionne très bien oui, comme toujours." répondait Harry en souriant, avant d'ajouter sérieusement: "Je sais que dans ce cas je serais la cible de Voldemort. Mais tant qu'il est concentré sur moi, il laissera ma mère tranquille. Je n'ai pas peur de subir ses tortures, il n'a pas réussi à m'avoir avant, je ne cèderai pas plus maintenant."