Puca était occupé à bricoler des petites potions pour remplir ses stocks – disons qu’il devait régulièrement renouveler certaines potions, à cause d’un avorton qui tombait dans tous ses pièges… les remettre en place demandait donc du temps, de l’énergie et de l’argent pour acheter les ingrédients les plus rares. Plongé dans son ouvrage, le sorcier haussait un sourcil en entendant ses alarmes magiques s’activer et il soupirait… si c’était encore ce môme, Baelfire, il jurait de le changer en brebis et le regarder paître jusqu’à la fin de ses jours devant sa main, jusqu’à ce qu’il en ai marre et décide de le changer en méchoui. Refermant le bouchon de sa fiole, l’homme posait la petite bouteille sur sa table avant d’ouvrir la porte sans hésiter, bougeant sa main gauche dans son dos pour y activer sa magie et se préparer à attaquer la personne qui viendrait ici d’une métamorphose de son cru. Pourtant, alors qu’il ouvrait la porte en pensant tomber sur le Baelfire mais au lieu d’un gamin encore touché par un piège, il découvrait un autre gosse. Soan s’il se souvenait bien.

« Qu’est-ce que tu fout là toi ? On avait rendez-vous pour te donner une leçon ? »

Non parce qu’aux dernières nouvelles il n’avait pas noté qu’aujourd’hui sa journée allait être coupée par ses autres activités, comme donner une leçon de magie à un jeune sorcier. C’était un jour de repos complet. Mince… s’il commençait à perdre la boule il allait commencer à s’inquiéter.

« T’as encore filé de ta barraque, c’est ça ? L’un de tes cousins est au courant ou je vais encore voir un demi-angelot se ramener chez moi pour savoir si t’es pas en train de faire des conneries en ville ? »

Il en avait un peu marre de voir des êtres de lumière débouler chez lui, surtout que vu que ces derniers n’existaient pas dans son monde, il ne disposait encore d’aucun sort pour les empêcher de se téléporter dans sa maison comme si c’était un moulin.

Trop c'était trop. Soan en avait marre. Jouer les bons sorciers n'était plus son truc. Du moins, il le croyait. Il était persuadé de devoir faire le mal.Il était persuadé que seul les enfers allaient soulager sa peine. Mais il ne voulait pas en parler à sa famille ou même à Derek. On le prendrait pour un fou ou bien encore pour un démon. Soan était parti de chez lui, il savait où il devait aller. Là où on pourrait le comprendre sans le prendre pour un fou. Il allait parler à celui qui lui donnait des leçons de magie. Le seul,pour qui Soan avait du respect avec son père.
L'air fermé et furieux, il attendait devant cette porte. Il avait envie de meurtre.Le sang, le chaos, il n'attendait que ça. D'ailleurs la boule d'énergie s'était encore formée dans ses mains, il était prêt à tout faire exploser même si ce n'était pas chez lui. L'homme lui ouvra la porte et il gronda:

"Non on avait pas rendez vous mais je m'en contrefous! Je peux entrer ou pas?"

Soan agissait déjà comme si les enfers lui appartenaient. Son père lui avait appris à toujours agir en leader pour ne pas se faire bouffer. Il fixa Puca avec un air agacé et il balance sa boule d'énergie contre l'un de ses meubles. Juste pour lui prouver sa colère.

"Ils en ont quoi à foutre de moi, ma famille? Je suis qu'un démon à leurs yeux.... Et bah j'en serais.... je serais celui qui régnerait sur les autres démons... et je ferais régner le chaos sur cette terre..."

La fureur se répandait dans ses veines. Il était prêt à tout. Pour tout faire exploser, au sein de sa propre famille. Ils l'avaient déjà jugé, bah lui aussi il les jugeraient.

Bien. Un ado en crise. Parfait. Ce n’est pas comme s’il avait l’habitude de ce genre de soucis maintenant et quand l’un de ses meubles tombait en miette – un authentique buffet de l’époque Ming – l’adulte fronçait les sourcils avant de se placer plus encore dans l’encadrement de sa porte, son éternel air blasé sur le visage alors qu’il se grattait pensivement la barbe.

« Je peux entrer ou pas, s’il te plaît. » lançait alors le sorcier, l’ombre de son sourire moqueur de retour sur le visage. Franchement, Soan pensait qu’il était un simple gueux pour lui parler de cette manière ? Alors en écoutant le gosse parler, Pùca roulait des yeux avant de fixer son regard sombre sur le plus jeune. « Oui c’est ça. Bon écoute, tu penses ce que tu veux de ta famille kiddo. Mais tes envies de domination du monde alors que tu portes encore tes couches culottes démoniaques, tu vas les calmer jusqu’à atteindre ta majorité. Autrement, je te jure que ce cher Lucifer sera un enfant de cœur comparé à ce qui te tombera sur le coin du nez si tu détruits un autre de mes meubles anciens. Possible prince du côté obscur de la force ou pas, t’es encore un môme et si tu ne sais pas te contrôler un minimum, même tes toutous démoniaques ne t’écouteront pas plus tard. »

Bon cela étant, il aimerait que sa maison reste debout donc après un petit moment à toiser l’enfant, il libérait le passage pour le laisser entrer, agitant la main pour faire disparaître ce qui traînait jusque-là et relevait de son travail personnel.

« Alors dis-moi… qu’est-ce qu’il s’est encore passé dans ta famille de dégénérés ? Ils te jugent parce que tu n’es pas un sorcier pur souche mais un hybride ? N’est-ce pas aussi leur cas à être à moitié de ces anges virevoltant les fesses à l’air au paradis ? »

Quoi ? Il n’aimait pas les anges… ce n’était pas de sa faute…

Soan leva les yeux au ciel à la leçon de politesse de l'adulte en face de lui. Il prit même un air moqueur et il répliqua:

"Epargne-moi ces leçons de politesse à deux dollars... viens vivre dans les enfers, tu verras qu'ils s'en foutent du s'il te plaît..."

L'énergie apparut de nouveau dans ses mains et il fixa l'homme avec un air provocateur. Il balança sa boule d'énergie sur une de ses chaises. Personne ne le contrôlerait. Personne ne lui dirait de faire ce qu'il a faire. Soan avait toujours su se débrouiller jusque là. Il reprit:

"Je ne suis pas un gamin, okay? Tu veux peut être que je te montre qui je suis?"

Ses yeux devinrent complètement noirs. Ses yeux de démons. Pour le moment, il n'avait que ça, mais il avait déjà réussi à faire peur à certains gamins qu'il croisait. Et il dit:

"J'en ai marre de me contrôler! Marre qu'on me dise : "fais-ci" ou "fais ça" ... Non!Stop, ça suffit... "

Cependant, il se calma et il entra à l'intérieur. Il avait au moins de la chance que Puca l'écoute. A défaut d'avoir sa famille. Il soupira et ajouta:

"Plus les jours passent, plus j'ai l'impression de ne pas être des leurs... J'ai l'impression d'être constamment jugé par eux.... C'est eux qui me poussent à perdre tout contrôle de moi... Je me sens exclu... Comme si...Comme si j'étais resté en enfer et qu'ils ne seraient pas souciés de savoir si j'existe.... Et ça. Ca me met en colère! Parce que je suis là!"

De nouveau, son côté démoniaque reprit le dessus. Et il était hors de lui. Mais alors il pensa à Derek et il se calma avant de provoquer un incident diplomatique.

"Et puis y a aussi Derek... Je serais prêt à tout pour lui s'il me le demandait... mais si mon père savait ça... il serait pas d'accord, tu vois?"  

Soan regardait l'intérieur de chez Puca. Il ne savait pas comment le prendre. Il sentait que ses nerfs allaient lâcher. Mais il devait se contrôler, chose qu'il n'arrivait jamais quand il devait parler de sa famille. Fou furieux, il balança une boule d'énergie contre de la vaisselle qui traînait dans le coin. Ses mains puis ses bras se mirent à trembler. Et il fixa Puca avec un air meurtrier. Sa famille... Non, il commençait à les détester. Il était toujours à part, il avait même l'impression qu'il allait déranger à chaque fois qu'il allait dans la même pièce qu'eux. Il grommela de sa voix de démon:

"ILS EN ONT RIEN A FOUTRE DE MOI!"

Il n'avait pas pensé à Derek. Sa rage était trop puissante, trop présente en lui. Son côté démon restait, il dominait la situation. Ses yeux virèrent au noir. Il était un démon à ce moment là.

"Je ne suis pas comme eux.. et je ne le serais jamais alors ils me le font payer.... Y a que Derek qui m'accepte comme je suis.... "

Il n'était même pas sûr que Derek l'aurait accepté sous sa forme démoniaque. Et il ne se calmait plus. La colère avait eu raison de lui.